De la terra preta au biochar

Quelle est la plus longue civilisation ininterrompue de l’histoire ?
Et si j’ajoute qu’elle a perduré au moins 6 000 ans,
je suis sûr que tu es perdu.

Elle se situe en Amérique du Sud dans le bassin de l’Amazone.

Brièvement traversée par un conquistador espagnol, à la recherche d’El Dorado, la plus ancienne civilisation a rapidement disparue, pour devenir un mythe, jusqu’à de récentes découvertes.

Indiens précolombiens

Il a fallut 90 ans, après la traversée de l’Amérique du sud par ces aventuriers espagnol menés par Orellana, pour que de nouveaux explorateurs remontent l’Amazone, ils ne trouvèrent que la forêt et aucune trace de cet Eldorado ou villages d’amazones. Les rares survivants des pandémies, qui avaient évaporées leur civilisation, survivaient en petits groupes dispersés dans cette grande forêt.

Des conquistadors aux spécialistes en science des sols, l’évolution de terra preta grâce au biochar est une étrange histoire. Les progrès dans la compréhension de cette histoire ont été lents et sporadiques, mais la recherche des dernières décennies indique les perspectives de ce qui pourrait être un futur excitant.

Une nouvelle aventure est en train de commencer.

Christophe Colomb, génois, introduit par son frère, cartographe au royaume du Portugal, épousa en 1479, la fille du gouverneur de Porto Santo, île de l’archipel de Madère, de découverte récente. Par son statut et ses relations, il eut accès à la meilleure bibliothèque-cartothèque de l’époque, héritière des Templiers, celle de l’université de Coimbra au Portugal.

Bibliothèque de la plus ancienne université, celle de Coimbra au Portugal

Quelques années plus tard, ayant convaincu Isabelle de Castille de lui fournit une flotte, après une traversée facile, il accosta, en 1492, avec des voiles griffées de la croix des Templiers, pour renouer des liens plus anciens, sur un continent qu’on nommera Amérique.

Fresque en carrelage, Azulejos, à l’ancienne abbaye de Buçaco, Portugal


Lors de la seconde traversée de l’Atlantique, c’est un autre cosmographe, Ferrer, qui orienta Colomb, séduit par la perspective d’un trésor, à découvrir l’Amérique du Sud.

Piri Ibn Haji Mehmed, surnommé Piri Reis, a dessiné cette carte en 1513, à peine quelques années après la « découverte » de Colomb. On y voit des lieux encore inconnus. Colomb en aurait-il eu vent ?

Cinquante ans plus tard, les Européens ayant conquis les royaumes Aztèque, puis Inca, étaient tout aussi affamés d’or, d’argent et de cannelle.
En 1540, Gonzalo Pizarro arrive à Quito en tant que Gouverneur et chargé par son frère Francisco Pizarro d’organiser une expédition à l’intérieur des terres. Les mythes de l’existence du Pays de la Cannelle, qui valait alors en Europe plus cher au poids que l’or, et d’un fabuleux territoire s’étaient répandus, et les conquistadors espagnols rêvaient de découvrir ce mystérieux Eldorado. Gonzalo Pizarro demande donc à son cousin Francisco de Orellana de l’accompagner dans son expédition vers l’est.

Après un premier échec du à un sous-équipement, Gonzalo Pizarro réuni à Quito une troupe énorme composée de 340 espagnols, dont 200 à cheval, 2 000 chiens dressés pour le combat, 4 000 porteurs indiens, 2 000 lamas chargés et 2 000 cochons

Orellana a essayé de le rencontrer, mais quand il est arrivé dans la capitale, il a découvert que Gonzalo était déjà parti, le laissant suivre ses traces.

A la tête d’un petit groupe de 23 hommes, Orellana entreprend de traverser les redoutables Andes équatoriennes. Après avoir traversé le plateau, il entame une ascension lente et fatigante en évitant les ravins profonds, les pentes couvertes de sous-bois impénétrables et les pentes rocheuses dépourvues de toute végétation. Dans les sommets andins, les membres de l’expédition souffraient du vent glacial et écrasant ; plus tard, après une descente pénible, la chaleur torride et l’atmosphère suffocante de la jungle les brisèrent à nouveau. Enfin, épuisés, ils arrivèrent au camp de Gonzalo Pizarro.

Tous vont se rassembler au mois de Mars 1541 dans la vallée de Zumaco pour entreprendre la périlleuse expédition. Les expéditionnaires arrivent sur les rives de la rivière Coca le 26 Juin 1541 où ils font la rencontre des indiens Omagua dont le chef leur servira de guide. Mais le temps passe et rien n’indique aux espagnols qu’ils s’approchent du Pays de la Cannelle ou de l’Eldorado. On est en décembre, depuis leur entrée dans la jungle, le mauvais temps a commencé à saper la santé des expéditionnaires, et nombreux sont les hommes qui meurent de faim ou sous les attaques des tribus belliqueuses.  La nourriture est devenue rare et ils ont même été forcés de manger les chevaux.

Gonzalo Pizarro ne veut pas revenir sur un échec à Quito et propose à Francisco de Orellana de construire un bateau, le San Pedro, pour transporter les malades et les blessés en suivant les cours du Rio Coca et du Rio Napo jusqu’au confluent des rivières Aguarico et Curaray. Les provisions sont épuisées, l’expédition a perdu plus de 100 espagnols et plus de 3000 indiens quand le 22 février 1542 Gonzalo Pizarro demande à Francisco de Orellana de redescendre et d’aller chercher des vivres avec 60 hommes.

Après de nombreux jours de navigation, lui et ses hommes ont trouvé un village sur le fleuve Napo et ont satisfait leur faim. Mais ils ne peuvent remonter  la rivière et Orellana décide de construire une nouvelle embarcation, le Victoria, et envoie un message à Gonzalo Pizarro. Mais ce dernier avait déjà commencé la route du retour vers Quito avec les 80 ! hommes restant.

Le trajet d’Orellana

Francisco de Orellana entreprend alors un voyage fantastique de 4800 kilomètres, voguant pendant 7 mois sur les eaux du Napo, du Trinidad, du Rio Negro et de l’Amazone, pour arriver jusqu’à l’embouchure de l’immense fleuve le 26 août 1542.

Tout au long de la descente, il rencontra de nombreuses populations établies en villes et villages, des cultures, de l’élevage.

Reconstitution de villages pré-colombien en Amazonie
Des bassins aménagés fournissaient des poissons en grande quantité

Au cours de ce voyage, Orellana va perdre 13 hommes sous les flèches des indiens et à cause des maladies et de la faim.

Gaspar de Carvajal

On doit à Carvajal le récit de la découverte du fleuve Amazone. Dans Descubrimiento del río de Orellana, il décrit les villages amérindiens aperçus le long du fleuve, auxquels Orellana présente les Espagnols comme étant les « fils du soleil » ce qui leur vaut beaucoup de respect.

Mais, plus ils avancent à l’intérieur du continent, plus les rives sont peuplées et hostiles. Certains villages en bordure du fleuve alignant des habitations sur une vingtaine de kilomètres. Ils traversent ainsi les royaumes de Machiparo, d’Omagua, de Paguana, tout en devant sans cesse se battre pour s’emparer de la nourriture nécessaire. Ils doivent parfois faire face à des attaques de plus de deux cents canoës chargés de trente à quarante hommes.

C’est au cours d’une de ces batailles, le 24 Juin, que Fray Gaspar de Carvajal, le chroniqueur de Francisco de Orellana, affirme qu’ils ont été combattus par des indiens dirigés par des femmes nues, blanches et musclées, très féroces, comme celles dépeintes dans la mythologie grecque, les fameuses Amazones qui allaient donner leur nom au grand fleuve qu’il était en train de découvrir. Mais certains diront que l’équipage a sans doute était attaqué par des indiens au cheveux longs.

Carvajal, la chroniqueur d’Orellana, a déclaré : « Ces femmes sont très souples et se promènent nues en faisant autant de guerre que dix Indiens. » Gravure de Théodore de Bry. XVI Siècle .

Une fois arrivé au delta de l’Amazone, Orellana et les 47 survivants de l’expédition sont bien accueillis par les indigènes de île de Marajó (Brésil), habitués à rencontrer des espagnols et des portugais. Francisco de Orellana se dirige alors vers Cubagua (Venezuela), longeant les côtes de Trinidad. L’expédition arrive finalement à Cubagua le 11 septembre 1542. Gonzalo Pizarro et ses hommes, entre temps, sans provisions, sont retournés à Quito, en traversant à nouveau l’immensité de la jungle et les montagnes glacées des Andes.

Francisco de Orellana décide ensuite de s’embarquer pour Santo Domingo afin de rentrer en Espagne pour faire part de la découverte de ces nouvelles terres qu’il baptisa Nueva Andalucía (Nouvelle Andalousie).

Mais en arrivant en Espagne, on veut le juger pour avoir abandonné Gonzalo Pizarro. Cependant, Orellana réussi à convaincre ses juges qu’ils ne pouvaient rien faire contre la force des flots et qu’ils n’avaient pas eu d’autre choix que de suivre le cours du fleuve.

Plusieurs mois plus tard, le 18 février 1544, il obtient du roi Charles Quint le titre de Gouverneur de Nueva Andalucía et décide de repartir vers les Indes avec son épouse Ana de Ayala.

L’expédition prend la mer à Cadix le 11 mai 1545 avec quatre navires, 200 soldats d’infanterie et 100 cavaliers. Mais un des bateaux sombre avant même d’arrivée au Cap Vert, puis un deuxième pendant la traversée de l’Atlantique et on doit se résoudre à abandonner un troisième navire en arrivant à l’embouchure de l’Amazone.

Peu avant Noël 1545, l’équipage débarque sur terre et Orellana ordonne la construction d’un nouveau bateau pour entreprendre la remontée du fleuve. L’expédition parcoure alors 500 kilomètres à l’intérieur du delta dans des conditions difficiles; 57 de ses hommes sont morts de faim et les survivants débarquent sur une île du fleuve.
Francisco de Orellana décide alors de partir en reconnaissance pour trouver des vivres. Mais à son retour, le campement est désert. Ses hommes avaient tenté de le retrouver avec une embarcation qu’ils avaient construit, mais ne le voyant point, ils décidèrent de repartir vers le Venezuela en longeant les côtes.

Francisco de Orellana et les quelques hommes qu’il lui restait sont alors attaqués par des indiens Caraïbes. 17 des expéditionnaires succombent aux flèches empoisonnées.
En Novembre 1546, on parvient enfin à localiser son expédition dans laquelle Francisco de Orellana est mort dans les bras de sa femme, emporté par la fièvre.

A la suite de cet échec, il a fallut 91 années, jusqu’en 1637, pour qu’une nouvelle expédition remonte l’Amazone. Le capitaine Pedro de Teixera ne retrouva aucune trace de ce qu’Orellana avait décrit. Il ne rencontra qu’un désert vert. Il ne trouva aucun village d’importance et encore moins de traces d’une civilisation particulière. Ou bien Orellana avait menti, ou bien des millions de gens et leur mode de vie avaient disparu en moins d’un siècle. Le monde étonnant des Amazoniens fut relégué au rang de mythe.


Le mystère se dévoile

Les années passèrent et le bassin de l’Amazone fut considéré comme une région dépourvue d’intérêt et de richesse. Et soudain se produisit un événement en apparence insignifiant mais en fait riche de sens. En 1870, James Orton, un explorateur américain, géologue peu connu, remarqua que le long des sols acides typiquement gris du bassin amazonien existaient des pans entiers de sols “noirs et très fertiles”. La plupart des gens n’auraient pas porté attention à cette remarque insignifiante, mais il s’agissait en fait des sols dont rêvent les scientifiques. Des groupes de chercheurs vinrent pour analyser la mystérieuse terre noire, ou terra preta comme on l’appelait localement. En 1879, le naturaliste Herbert H. Smith conclut que “cette terre doit sa richesse aux dépôts de milliers de restes de cuisines pendant des milliers d’années sans doute”.

Coupe dans un sol créé par des indiens amazoniens

Cette analyse, renforcée au début du vingtième siècle par l’analyse de la composition des sols faite par le géologue William Katzer – un mélange de résidus minéraux, de plantes carbonisées et d’élément organiques décomposés – commença à enflammer les esprits. La transformation de cette terre était-elle le fait d’humains ayant habité ces régions ? Orellana aurait-il dit la vérité ? Pour beaucoup de gens ces suppositions étaient ridicules.

Betty J. Meggers, archéologue réputée du Smithsonian Institute, répéta à maintes reprises l’argument selon lequel, même si une riche flore couvrait le  bassin amazonien les sols pauvres ne pouvaient pas retenir les nutriments nécessaires au développement agricole de sociétés complexes. Elle affirma qu’un village de plus de 1000 habitants n’aurait pas survécu.

Cependant des sols aussi minces et acides existent dans les savanes herbeuses des plateaux de Mojos en Bolivie (Llanos de Mojos). Bien que peu de gens y vivent à cause de la difficulté à obtenir des récoltes, William Denevan avait noté en 1960 que le paysage était zébré de lignes droites artificielles : évidence d’une agriculture préhistorique d’importance.

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Terres surélevées abandonnées dans les Llanos de mojos (Bolivie)

De leur côté, Clark Erickson et William Balée en travaillant avec des fermiers indigènes qui habitaient encore ces plateaux découvrirent des indices d’une civilisation perdue “ils ont des mots décrivant des plantes domestiques existant depuis 2000 ans”. Les objections soulevées par Betty Meggers ont été largement réfutées. Les analyses archéologiques ont confirmé la corrélation entre les sites de terra preta et les civilisations décrites jadis par Orellana au XVIe siècle. Bien plus, la présence de tessons de poterie et de déchets végétaux et animaux dans ces sols démontre qu’ils sont le produit d’une action humaine.

Fouille en Guyane
Trace d’une urne enfouie dans le sol en Amazonie

En se basant sur des preuves linguistiques et sur des vestiges de poteries, Donald Lathrap émit l’hypothèse dans les années 1960 que le territoire au confluent de l’Amazone, du Rio Negro et du fleuve Madeira était le centre d’une vaste civilisation très avancée s’étendant du Brésil aux Caraïbes.

Urne funéraire antropomorphe Sud du territoire de l’Amapá
Urne funéraire de culture Marajoara

Son déclin rapide a été principalement expliqué par les maladies du vieux monde apportées par les Espagnols qui se sont répandues et contre lesquelles les Amérindiens n’avaient pas d’immunité. On estime que 95 % de la population a disparue.


Un sol artificiel vieux de plusieurs millénaires

Il est communément admis que les forêts tropicales ne possèdent pas de bons sols. De nos jours, lorsque des zones de l’Amazonie sont défrichées pour l’agriculture, ces parcelles deviennent rapidement infertiles et inutiles.

Raison pour laquelle nous pensions que l’Amazonie était peuplée de glaneurs ou des chasseurs cueilleurs.

Cependant, on a découvert au cœur de la forêt amazonienne, l’existence de sols artificiels qui apparaissent comme par magie le long des voies d’eau, et à l’Est au bassin central de l’Amazonie.

Avec ou sans terra preta, c’est pas la même récolte !

Mais le plus incroyable, c’est que ce sol artificiel baptisé« Terra Preta » est vieux de plusieurs millénaires et possède des facultés de régénération miraculeuse, qui encore utilisée de nos jours pour cet usage.

Au lieu de considérer la terre preta comme un produit dérivé accidentel, il est plus logique de considérer l’installation et l’expansion des populations humaines en Amazonie comme le fruit d’une planification dans laquelle la généralisation de la terra preta était une condition préalable au développement de grandes agglomérations.

Or, la forêt Amazonienne contient plusieurs milliers de parcelles de ces sols artificiels. Selon les estimations, la culture de ces sols vieux de plusieurs millénaires aurait pu alimenter une population estimée entre 8 et 20 millions de personnes.

Les sites où la terra preta est présente

Une recette miraculeuse

On ne sait toujours pas comment les indiens fabriquaient cette terra preta. Au vue de l’énorme quantité de tessons de poteries retrouvés, on peux supposer qu’ils utilisaient une technique proche du Bokashi. En remplissant, avec tous les déchets de la maison mêlés à du charbon de bois, des poteries, qui une fois pleines, étaient couvertes et enfouies dans le sol, une fermentation lactique s’y produisait rapidement pour former un engrais puissant et durable.

Essai de remontage d’une urne

D’autres technique comme le buttage permettait d’éviter le lessivage des éléments nutritifs lors des pluies et crues.

Lors de fortes pluies et les crues des ruisseaux, le sol cultivé était protégé de l’érosion.

En Guyane Française, des recherches plus nombreuses ont permis une succession de découvertes :

Champs précolombiens toujours cultivés
Des travaux incroyables pour créer ces terrasses
C’est seulement lors des défrichages et de culture sur brûlis que certains sites se révèlent.
De très nombreux champs, grâce à l’aide de fourmis qui ont maintenus les buttes, sont encore visible le long du littoral de Guyane

Une forêt plantée

Il est évident que les anciens peuples de l’Amazonie possédaient des compétences précoces et remarquables dans la gestion des sols. Mais ces compétences vont bien au-delà de ce que l’on peut imaginer.

En effet, on trouve à travers de récentes études sur les essences d’arbre qui peuplent la jungle, d’autres éléments indiquant qu’un projet intelligent et réfléchi a vu le jour en Amazonie, il y a plusieurs milliers d’années.

Ces études démontrent que l’Amazonie, loin d’être un environnement naturel « vierge », a largement été influencée par la main de l’homme.

Les plantes domestiquées par les peuples précolombiens sont beaucoup plus susceptibles d’être dominantes dans les forêts amazoniennes que les autres espèces. De plus, les forêts proches des sites archéologiques présentent souvent une plus grande abondance et richesse en espèces domestiquées. Ainsi, les communautés d’arbres amazoniens modernes à travers le bassin restent largement structurées par l’utilisation humaine historique.

Le manteau végétal couvrant la région est beaucoup moins naturel que son exubérance le laisse croire, les premiers peuples, il y a au moins 8 000 ans, ayant désherbé, planté, multiplié, croisé, associé ou amélioré les espèces. Rien que dans le foyer amazonien, il existe au moins 86 plantes natives présentant un certain degré de domestication.

Domestication de la forêt amazonienne

Une ancienne culture scientifique

La jungle a été apprivoisée, modelée et transformée par des méthodes et que l’on pourrait qualifier de scientifiques, en un vaste jardin d’arbres utiles et protecteurs.

Cependant, les arbres seuls ne peuvent suffire à nourrir de grandes populations, aussi a t-il fallu étendre massivement ce programme de domestication préhistorique de façon à inclure des espèces agricoles introduites avec succès, par l’utilisation des terra preta, dans l’écosystème de l’Amazonie.

Mais Graham Honcock pousse la réflexion encore plus loin.

J’envisage la possibilité qu’une profonde connaissance des plantes, de leurs apports nutritionnels et autres propriétés ait pu précéder les premières activités de domestication dont nous avons la preuve.

En effet, Jeremy Narby, anthropologue et auteur de « Le Serpent cosmique, l’ADN et les Origines du savoir« , attire notre attention sur le curare, le poison dont on enduit les projectiles de sarbacane et les flèches, inventé – nous ignorons quand – dans l’Amazonie des temps passés.

Le consensus parmi les universitaires est que le curare, dont il existe quarante types en Amazonie, produits à partir de 70 espèces de plantes, a été découvert par hasard.

Un scénario totalement remis en cause par Jeremy Narby :

Pour le produire, il est nécessaire de combiner plusieurs plantes et de les faire bouillir pendant soixante-douze heures, en évitant les vapeurs parfumées mais mortelles dégagées par le bouillon. Le produit final est une pâte qui demeure inactive à moins de l’injecter sous la peau. Si on l’avale, elle n’a aucun effet. Il est difficile de croire que quiconque ait pu tomber sur cette recette par hasard. 

Des connaissances géométriques

Pour épaissir un peu plus le mystère sur cette civilisation disparue de l’Amazonie, il faut savoir que de gigantesques terrassements géométriques ont été découverts dans toute l’Amazonie.

Suite au défrichage de la forêt, des traces d’occupations humaines
Double enceinte pour ce gros village antique

Les premiers résultats détaillés, publiés dans la revue Antiquity, présentait ces découvertes comme des preuves de l’existence dans un lointain passé d’ une société précolombienne sophistiquée de bâtisseurs dans le bassin amazonien supérieur, à l’est des Andes. Ce peuple inconnu jusqu’alors avait édifié des terrassements selon un plan géométrique précis reliés par des routes rectilignes se croisant à angles droits.

Un héritage culturel

La géométrie représentée sur les géoglyphes, l’agriculture avec  la terra preta, la médecine comme le curare ou l’hayahuasca, ou encore l’incroyable explosion de la domestication des plantes et des arbres, ne seraient-ils pas au final l’héritage culturel d’une civilisation avancée ayant développé ses propres sciences.

Cette ancienne civilisation perdue, aurait pu être très différente de la nôtre. Car elle se serait appuyée non seulement sur des méthodes empiriques, mais aussi sur des techniques chamaniques, des quêtes de vision ou des expériences de décorporation dans le « monde spirituel », que la plupart des intellectuels occidentaux contemporains considèrent comme absurdes.

Les implications de l’extinction de la population de l’Amazonie précolombienne sont immenses. Avec 95% de la population disparue, les banques mémorielles culturelles auraient été effacées et de vastes pans de compétences, de savoir et de potentiel auraient été perdus pour toujours.

Une civilisation avancée qui évolue dans le respect de la nature,
ne laisse que peu de traces derrière elle.

Inspiré, entre autres, du texte de Emily Wayne de l’Université d’Oxford et de sciencemysterieuse.com